PoPPrArtiste Plasticien

Je me souviens que je suis né en 1960 et que le président de la République était un Général.

Je me souviens que tout petit déjà, je ne faisais que dessiner, que mon père m’appelait, par dérision, « petit Picasso » et que, sans bien savoir qui c’était, j’en étais content.

Je me souviens d’avoir assidûment et avec joie, fréquenté les ateliers des Arts Décoratifs de Paris pendant plus de dix ans à compter de mes 12 ans.

Je me souviens d’y avoir appris la céramique sous la houlette de Catherine Bouroche et de Valentine Schlegel,
Et je les remercierai toujours de m’avoir permis d’y rester, après que je leur ai avoué que je n’ avais plus les moyens de poursuivre.

Je me souviens de ma stupeur quand j’ai appris, dans le journal « Le Monde », à l’occasion de son décès, que Valentine était bien plus connue que je ne l’avais pensé.

Je me souviens quand mon père, d’origine hongroise et qui ne parlait pas très bien le français, m’a très gentiment déconseillé de faire des études artistiques parce qu’il attendait de moi que je fasse « un beau métier » et non que je sois « circussien » comme il disait.
Il faut bien dire que nous ne roulions pas sur l’or…

Je me souviens d’avoir fait ce choix de contenter, en cela, mes parents.

Ce n’est que, la quarantaine venue, que j’ai eu à cœur de reprendre une vie artistique au travers de la peinture cette fois, alors que j’étais plutôt dessinateur. Je me souviens d’y avoir été encouragé après un prix « Coup de Cœur » reçu à Lavaur.

Mes influences sont à rapporter à Francis Bacon, à Paul Rebeyrolles puis à Basquiat et, sans doute aussi un peu finalement, à Picasso… Sans oublier Jacques Villeglé !

Je me suis donc trouvé un petit atelier où j’ai d’abord tenté d’apprivoiser les couleurs.
Puis j’ai enrichi ma technique par incorporation d’affiches lacérées, de cendres et de paprika moulu, de végétaux décomposés ou desséchés et de bien d’autres choses…

Le travail de tous ces matériaux m’est un bonheur à la fois mental par son coté festif et manuel, me rappelant parfois le contact de l’argile.

À cette technique mixte, j’ai adjoint récemment des travaux de couture à l’aiguille de végétaux et de ficelles (me donnant à rejoindre le souvenir de mon père qui était tailleur).

La boucle est bouclée.
Mes parents sont partis.
Mon beau métier touche à sa fin.
Je me lance enfin.